Un chat au milieu de l’article

55°57’N 3°12’W

Contrairement à la semaine passée, le journal de cette semaine raconte une semaine calme. Il y en a parfois en voyageant, lorsque l’on choisit mal ses activités, que la météo n’est pas clémente, ou parce qu’il y a plus de travail que d’habitude. Lorsque l’accalmie frappe, on peut alors tenter de se rapprocher des autres. Des autres, et des chats, car ne dit-on pas que ce dernier est le meilleur ami de l’Homme ?

Une fin de Galles

La fin du voyage en Galles m’a porté à Cardiff, capitale et plus grande ville de la région. Il est d’ailleurs frappant que j’ai parlé la semaine passée du gallois sans mentionner que pas à un seul endroit je n’ai croisé un locuteur de cette langue. C’est maintenant chose faite, avec Gwilym, un professeur de cours élémentaire ici. Pourquoi n’entendons-donc jamais de gallois dans les rues ? La langue est en cours de revitalisation, tous les panneaux ont rapidement été traduits, mais il faut plus de temps pour former une génération capable de comprendre et de parler.

Photographie d’un monument de pierres grises, avec des remparts semblables à ceux d’un château-fort, quelques fenêtres creusées comme celles de prisons, et un petit escalier de pierre pour y accèder. Au devant triomphe un dragon rouge avec la patte droite levée.
Donjon du château de Cardiff, en Écosse

S’agissant de la ville, elle m’a parue très petite – en fait très resserrée. Beaucoup de points d’intérêt sont proches : le château, les parcs, et les musées. Avec la baie, plus éloignée mais à moins de trois kilomètres, cela couvre l’ensemble des lieux touristiques. Une chose qui frappe ici, c’est la mendicité : tous les cent mètres, quelqu’un vient proactivement demander de l’argent ; il n’y a peut-être pas plus de pauvreté qu’ailleurs, mais l’attitude demandeuse la rend plus visible.

Direction l’île de Man

En Angleterre, deux ferries partent pour l’île de Man : depuis Liverpool et depuis Heysham. J’ignore comment les bateaux depuis cette dernière ville se remplissent : c’est un endroit inconnu, avec un seul train par jour, et aucun autre mode de transport disponible.

Ces deux lignes de bateau sont exploitées par la Steam Packet Company, littéralement « société des paquets à vapeur », parce qu’elle transporte historiquement le courrier. Ce sont de gros bateaux, qui emmenent des voitures, et, s’agissant du départ de Liverpool, des chopineurs : je suis arrivé dans la ville avant 17h, et les bars débordaient déjà sur le trottoir. Au débit de boissons, seuls les anglais battent les anglais !

Photographie, sous un ciel sombre, d’un train électrique portant la mention <q>Douglas Laxey & Ramsey Electric Railway</q>. Le train est jaune et marron, d’un style très ancien, et composé d’un seul wagon. Au devant, un banc, et à l’arrière, quelques maison puis les montagnes. Photographie d’une calèche, dont les roues sont semblent se clipser sur des rails, qui se poursuivent vers l’horizon, et que le cheval suit. Dans la calèche, un groupe de personnes, et à l’avant un conducteur.
Train électrique / Tramway de l’île de Man

Enfin, il était temps d’arriver. Le transport sur l’île semble être resté assez rustique de prime abord : le tramway est tiré par un cheval, et une seule ligne de train électrifiée couvre une petite partie de l’île… mais cela n’est que le folklore, les habitants eux utilisent le bus, moyen de transport le plus efficace sans doute pour une île de moins de cinquante kilomètres de long.

Le folklore de l’île de Man, c’est également les chats ! Des chats sans queue, ou avec des queues très courtes. Dans les rues, on en croise peu, mais une dizaine vivent au Manx Cats Café, ouvert seulement le week‑end et tenu par deux passionnés. Hormis ces félins, il a malheureusement plu des trombes presque tout le week-end, et je n’ai donc pas eu l’occasion de visiter beaucoup avant de revenir, direction l’Écosse.

Photographie d’un chat roux sur une chaise. Le chat n’a pas de queue.
Cassey, un chat sans queue de l’île de Man

Les villes non pour ce qu’elles sont…

…mais pour qui y est. Cette réflexion m’est venue au retour, alors que je traversais l’Écosse. En voyage – comme ailleurs, la formation de liens sociaux est souvent prévisible : lorsqu’il y a dans l’auberge un grand groupe de chinois et deux françaises, on choisi le groupe le plus petit, avec lequel on partage au moins une langue. Au passage, l’Écosse, pour ce qui s’agit des touristes du moins, est remplie de français, plus qu’ailleurs au Royaume-Uni, et empiriquement plus que de touristes d’autres nationalités.

Ainsi, après un premier jour passé à me promener autour de Arthur’s Seat, un ancien volcan au centre d’Edinburgh, avec par endroit des vues scéniques de terre brûlée, je me suis retrouvé le deuxième jour à parcourir le centre-ville avec Agathe et Margot, deux étudiantes en pharmacie, en fin de road-trip le long de la mer d’Écosse.

Photographie prise depuis un point haut. Au devant, des branches noires, et une terre comme brûlée, marron-noir contrastant avec la vue des prairies verdoyantes en contrebas. Derrière les prairies, on aperçoit un ensemble d’habitations.
Crow Hill, une montagne brûlée, près d’Arthur’s Seat

L’occasion de se rappeller une fois encore que le voyage n’est souvent pas seulement un déplacement géographique, mais aussi la façon dont, où que l’on aille, la proximité se façonne au moins autant avec les personnes que l’on croise qu’avec les lieux eux‑mêmes. Et fait essentiel : nous partageons la même recette de repas facile, les tartines de houmous ; probablement assez pour s’entendre, le temps d’une journée du moins !

Nous avons ainsi visité les deux (grands) musées de la ville : la gallerie d’art et le musée national de l’Écosse, duquel seul un petit quart nous a été accessible en une demie-journée : le morceau sur la technologie. Quelque part paradoxal d’aller à un musée en Écosse pour ne pas voir l’exposition sur l’Écosse, mais il faut arbitrer des choix, ce dont je ne sais décider si c’est plus simple seul ou en groupe.

Photographie de nuit d’une cathédrale que l’on distingue mal dans son ensemble, mais dont la pointe est éclairée en bleu. Au premier plan, deux personnes posent. Photographie d’un haut bâtiment gothique d’un seul tenant.
Cathédrale Saint-Gilles / Scott Monument d’Édinburgh